L’Unapei 30 est composée de nombreux bénévoles, administrateurs et professionnels. Derrière chacun d’entre eux, une histoire ou un parcours nous aide à saisir la nature de leur engagement. Pour le témoignage ci-dessous, nous avons discuté avec Christian Rougier, président de l’Unapei 30. Il évoque son parcours associatif et les difficultés auxquelles les associations doivent faire face concernant le faible nombre d’adhésion.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis né dans l’Hérault et j’ai rejoint le Gard pour des raisons professionnelles. Je travaillais dans les ressources humaines. Mes activités professionnelles m’ont emmenées à Saint-Etienne puis à Paris où j’ai terminé ma carrière. Malgré ces déplacements, j’ai tenu à rester installé dans le Gard, surtout pour préserver l’équilibre de mon fils.
Certains disent que je suis un solitaire mais j’accorde énormément d’importance à l’amitié. J’adore la randonnée en montagne et la musique. Je suis plutôt de nature optimiste, je pense qu’il faut l’être lorsque l’on est dans le milieu associatif. Je suis aussi un homme de consensus : je préfère faire adhérer que d’imposer.
Quel est votre lien avec le handicap ?
J’ai toujours été attiré par le secteur du handicap. C’est quelque chose que j’ai toujours eu un peu en moi, j’ai consacré beaucoup de lectures à ce sujet, je me suis documenté. Ça m’a toujours intéressé. Aujourd’hui le lien se fait aussi via mon fils. C’est le phare qui me fait prendre des décisions, qui me donne la référence.
D’où vient votre engagement associatif ?
Pour moi ça a été comme une évidence. Dans une autre vie j’ai été parent d’élève. Mon engagement associatif a commencé dès la naissance de mon fils. J’ai pris une adhésion à l’Unapei (dans l’Hérault) et j’ai fait du bénévolat lors de l’Opération Brioches. À l’époque c’est mon épouse, Marie, qui va plutôt s’investir dans le milieu institutionnel alors que je continue à travailler. Quand mon fils est entré dans un établissement du Vaucluse, j’ai commencé à m’investir un peu plus, d’abord comme administrateur puis, à l’arrêt de mon activité professionnelle, en tant que membre du bureau. J’ai alors mesuré les difficultés que représente un engagement dans une association où notre proche est accompagné. Pour moi c’était très difficile d’avoir une posture à la fois de parent et d’administrateur alors j’ai préféré démissionner de l’association. En parallèle Daniel Bouteiller, que je connaissais via mon activité professionnelle, m’a parlé de l’Unapei 30 et j’ai pris contact avec Lydie Bouteiller, alors Vice-présidente de l’association sur le secteur alésien. Je me suis tout de suite senti à l’aise, inspiré par ce mouvement structuré et doté d’une solide équipe. Intégrer le Conseil d’Administration comme administrateur ne m’intéressait pas. Je voulais faire partie de l’équipe moteur, je voulais me battre et contribuer à la mission associative. Je suis alors entré dans l’association en tant que Président adjoint, un poste qui me correspondait très bien. Être Président ne faisait pas partie de mes projets, mais je ne voulais pas laisser l’association dans une position difficile avec ce poste vacant. La décision n’était pas évidente et je l’ai prise en concertation familiale. C’est un choix qui ne peut pas se faire seul, sinon ça ne fonctionne pas. Malgré l’investissement que cela demande, la présidence a aussi de bons côtés : être le président d’une belle association, c’est un honneur. En tout cas moi je le reçois comme ça.
Avez-vous en tête un projet mené par l’association qui vous a marqué et dont vous êtes particulièrement fier ?
Il n’y a pas un projet en particulier, c’est plutôt plein de petites satisfactions qui font les grandes réussites. Tout à l’heure j’étais en visio avec les Nezdocs, on a évoqué l’intervention de la Fondation de France et d’un projet interne à l’association on se dirige vers un partenariat territoriale. Ça prend une autre dimension, c’était inattendu mais c’est très positif ! Ce qui m’anime et m’intéresse le plus c’est pouvoir aller vers une prise en charge territoriale de la personne. C’est de voir les choses dans un ensemble et non pas forcément au niveau associatif. Mon but c’est de développer le travail en réseau, avec l’ensemble des partenaires départementaux et de pouvoir proposer un panel d’options nécessaires à la personne vivant avec un handicap. La compétition associative ne m’intéresse pas, pour moi l’objectif n’est pas d’être la “meilleure” association, mais de proposer des solutions complémentaires qui viennent s’inscrire dans une logique de parcours. Au-delà des projets à construire, quand je fais le tour des établissements, que je discute avec des personnes qui me tendent la main et m’accueillent avec le sourire, ce sont des moments de bonheur qui me parlent.
Avez-vous un encouragement ou un conseil à donner aux personnes qui hésitent à s’engager ?
Un conseil, non.
Moi ça me paraît naturel de faire partie de ce milieu-là mais, aujourd’hui, je prends toute la mesure de la difficulté des jeunes parents. L’engagement associatif me semble incompatible avec une vie professionnelle. Il faudrait peut-être proposer aux employeurs d’aménager des temps de délégation pour que chaque personne puisse s’investir dans le secteur associatif, à raison de quelques heures par mois. Il faudrait pouvoir faire évoluer la société pour favoriser l’engagement. On ne peut pas demander à des parents de s’investir alors qu’ils sont en activité professionnelle. Le problème du manque d’adhésion n’est pas propre à l’Unapei 30, c’est tout le secteur associatif qui est concerné.
Mais un encouragement oui, bien sûr !